




Un blog racontant les aventures des Bums Chromés, Marie-José et Yves, et de leur vaillant catamaran Lagoon 440 qui s'appelle (qui s'en serait douté?) "Le Bum chromé".







(15 avril 2009) Le reste de la Semaine sainte s’est déroulé sans incident. Remise en ordre du bateau, ménage. J’ai eu une brève envie d’aller voir le chemin de croix du Vendredi saint à Sainte-Anne, mais le temps incertain et la perspective d’avoir à grimper une dizaine de volées de marches jusqu’à la chapelle plantée sur le morne derrière le bourg m’en ont vite dissuadé. Pour le dîner de Pâques, après avoir flirté avec l’idée d’une baignade et d’une langouste au Touloulou, nous nous sommes rabattus sur l’Indigo voisin. C’est un (très) joli resto flottant sur un ponton à l’entrée de la marina. Il avait été sérieusement endommagé par l’ouragan Dean en 2007, mais le proprio l’a fort bien retapé, améliorant le décor très “marin” ponctué de maquettes de yoles et de voiliers anciens; il en a profité du même coup pour rehausser le niveau de sa cuisine, autrefois réputée mais qui en avait beaucoup perdu depuis quelques années. Si bien qu’il redevient un de nos favoris au Marin, une alternative bienvenue à l’incontournable duo Ti-Toques et Marin Mouillage. Pour ce dimanche midi, nous avons dégusté un tartare de dorade parfumé au cari, puis un très bon filet d’agneau rosé au gratin de légumes pays, avec un juliénas juste frais. La Réunionnaise accueillante et volubile qui nous servait avait mis comme fond sonore des chansons des années 50 à 70 qui ont fait grand plaisir à Azur, et nous a offert en digestif un vieux rhum Trois-Rivières qui a fait grand plaisir à Yves. Comme ça, tout le monde était content. Lundi c’était le jour du traditionnel matoutou de crabe, auquel nous étions conviés par Raphaëlle et Charles sur la plage du Diamant. Comme il fallait s’y attendre, dès le matin il s’est mis à pleuvoir des clous. Nous avons même hésité à nous y rendre, nous demandant si ça allait quand même avoir lieu. Crainte bien vaine. Nos hôtes nous attendaient à la Dizac, juste de l’autre côté du cimetière, sous les arbres qui fournissaient un abri plutôt aléatoire au bord même de la plage.
Avant même le premier ti-punch (à l’absinthe, selon la coutume), la prudence dictait que nous nous mettions en tenue de baignade. Les multiples et parfois violentes averses ne sont pas parvenues à entamer la bonne humeur de la dizaine de convives, parmi lesquels deux joyeuses amies franco-américaines des Larcher, venues de leur retraite de Virginie.
Nous avons passé une bonne heure à nous ébattre dans les fameuses vagues diamantinoises -- la mer étant beaucoup plus chaude que la pluie qui nous tombait dessus presque sans discontinuer. Nous n’étions d’ailleurs pas les seuls, trois ou quatre autres groupes de braves amateurs de matoutou faisant comme nous la navette entre l’abri des arbres et les grands rouleaux gris et verts qui déferlaient avec une vigueur impressionnante.





Mardi matin après l’abordage, nous nous détachons de la bouée (et du cocotier) pour monter vers le nord affronter le canal de Saint-Vincent dans toute sa gloire: des bourrasques jusqu’à 25 noeuds, des vagues hautes et courtes qui nous secouent presque continuellement sous un ciel changeant. Le bon côté de l’affaire est que nous filons à bonne allure (des pointes à plus de neuf noeuds) et, malgré un départ assez tardif, arrivons à l’anse des Deux Pitons en plein après-midi. Hélas, il n’y a plus de bouées disponibles face à la petite plage, nous finissons par dénicher une place à l’ancre de l’autre côté du Petit Piton grâce à un boat-boy compatissant. Nous avions projeté un souper gastronomique à la charmante terrasse de Dasheen’s, le restaurant de l’hôtel Ladera que nous connaissons déjà bien. Mais la fatigue nous fait changer d’idée, et nous remettons la chose à demain. Au lever sous un ciel incertain, j’échange quelques mots avec les occupants danois d’un fort joli cotre de bois verni, le “Poseidon”, ancré juste à côté de nous.
Très bonne baignade, dans une eau vert sombre profonde, mais claire et calme.
Le temps vire carrément à la pluie, d’abord de courtes averses puis une ondée presque ininterrompue charriée par un vent presque frisquet. Pronostic météo: ça va durer toute la journée, ce qui enlève beaucoup au charme d’une soirée en plein air dans la montagne de Dasheen’s. On se reprendra une autre fois, mais pour le moment, le plus raisonnable est un retour direct vers la Martinique. Le menu gastronomique s’efface derrière une couple de hot-dogs grillés et avalés en vitesse sous l’averse au large de Castries.
Pour égayer quand même notre départ de Sainte-Lucie, surgit du port de la capitale un splendide deux-mats pirate comme dans les films, qui navigue à nos côtés pendant un bon vingt minutes. C’est sans doute un des bateaux qui ont servi au tournage de “Pirates de la Caraïbe”, maintenant recyclé en voilier d’excursion.
“À l’abordage!”
Marc et Yves prennent le Bum d’assaut depuis l’annexe, une “patch” noire de corsaire sur l’oeil. Nous avions laissé Azur seule à bord au matin de l'escale à Wallilabou, pour aller compléter les formalités de douane et faire quelques provisions au restaurant voisin... qui vendait, en plus des jus, rhums et bouteilles d’eau, des panoplies de pirates pour jeunes touristes.
Logique, le site a servi au tournage d’un ou plusieurs épisodes de “Pirates de la Caraïbe”, comme en témoigne une très r
éaliste façade d’auberge du XVIIIe dont la véranda abrite un stock de cercueils rustiques assez convaincants, mais dont l’arrière est uniquement composé d’échafaudages métalliques!





Lorsque Marc descend à terre avec les papiers du bord, la douane est fermée. À son étonnement, le préposé rouvre son bureau, seulement pour nous, en toute courtoisie, puis retourne enfiler des perles (littéralement!) sur sa véranda. Les deux coins de la baie sont occupés par des restaurants assez folkloriques, le reste s’orne de décors pour films de pirates (voir début du chapitre). Baignade “piquante” dans une eau calme et tentante, hélas infestée de minuscules bibittes venimeuses. Comme nous n’avons mangé que des sandwiches sur le pouce pendant la navigation, Marc décide encore une fois d’aller souper et se détendre à terre.Le malentendu avec notre skipper a fini en rupture... qui, aux dernières nouvelles, pourrait n’être que temporaire. Lorsque Gérard s’est finalement amené sur le ponton deux jours après notre arrivée, son dernier fiston David juché sur les épaules, il a été tout étonné (en apparence du moins) d’être accueilli par des sourcils froncés et des reproches. Pas question d’entrer ici dans les détails du désaccord -- c’est entre lui et nous -- mais la conséquence en est qu’au lieu de prendre joyeusement la mer le lendemain, nous nous sommes retrouvés plongés dans les suites peu agréables d’une querelle civilisée certes, mais plutôt acrimonieuse.
Nous avons dû battre le rappel des copains pour dénicher un nouveau skipper, arpenter la marina à la recherche d’un spécialiste de l’entretien, courir à la banque pour finaliser nos comptes. En même temps, il fallait, lors de fréquentes visites de notre ex-capitaine, déterminer ce qui lui appartenait en propre et ce qui était au bateau, dans le capharnaüm des équipements, outillages, documents, matériels de plongée, disques et autres DVD qui se nichaient dans tous les coins. Curieux comme ça s’accumule en moins de trois ans, même dans un si petit espace!
En fin de compte, le vieil ami Raymond Marie nous a amené un jeune capitaine rasta dont les couettes dredlocks recouvrent un large sourire et une claire compétence, Marc. 
Les peuples (encore plus les couples) heureux n’ayant pas d’histoires, je ne vois pas pourquoi je me serais cassé la tête ces derniers temps à vous en raconter. Ce qui me fait une bonne excuse pour ces bientôt trois mois de silence dans les aventures des “Bums chromés”, non? Mais si nous reprenons le cours du récit, ce n’est pas que le malheur ait frappé. Il y a toujours l’interminable glissade boursière et économique qui nous chagrine un peu, mais comparé aux amis-clients de Bernie Madoff, nous n’avons pas trop à nous plaindre. Et comme dirait l’autre, c’est rien que de l’argent, après tout. En vérité, c’est le retour à bord du Bum en fin de semaine qui est à la source de cette enfiévrée littéraire. Et la nuit tombant vite sous les tropiques, et le câble télé ayant été pété par un coup de vent malencontreux, quoi faire d’autre de nos soirées que de s’installer sur le cockpit face à l’écran pour clavarder, tout en profitant d’un agréable souffle d’alizé? Je reviens d’abord quelques pas en arrière pour mettre fin à notre chapitre barcelonais par une péripétie aussi amusante qu’imprévue. Alors que toutes les supplications, les tempêtes et les menaces auprès de la SNCF étaient restées lettre morte, la seule référence à une publication éventuelle dans le “Canard enchaîné” de notre loufoque histoire de billet de train Barcelone-Montpellier en passant par Madrid a eu un effet aussi rapide que miraculeux. Dès notre retour à la maison (sous la neige, comme on l’a vu au dernier épisode), j’ai trouvé dans ma boîte à lettres un courriel clair mais succinct, me demandant non seulement d’oublier cette malheureuse affaire, mais encore de considérer qu’elle n’avait jamais eu lieu. Pour la SNCF, ces billets n’ont jamais été achetés, ils n’ont jamais été émis (même pas à Madrid) et notre carte de crédit n’a jamais été débitée. Le ridicule ne tue peut-être pas, mais il flanque certainement la frousse à de valeureux fonctionnaires. Pour le reste, la reprise du séjour à Montpellier s’est déroulée dans un calme fort reposant, même si la météo faisait un peu des siennes. On a revu le copain guitariste Fethi, toujours actif les midis sur la Place de la Comédie, on lui a remis son cadeau des Fêtes, un joli mouton bien frisé (comme dans “Aménez-l’moutan” chanté par Maurice Chevalier, quoi! Z’aviez pas compris?).
On a somptueusement bouffé chez les amis italiens du Verdi, on a découvert un ou deux autres bons restos: un couscous royal précédé d’une très bonne pastilla, improbablement cachés tout au bout de la ligne de tram No 1 et d’Odysseum, et un temple intimiste dédié aux pâtes (noires, bien sûr) derrière les Halles Laissac.
Surtout, on s’est fait une paire de nouveaux copains, nos récents voisins du dessous les Chantefort, des “vagabonds” comme nous dont la fille Caroline est en visite ici mais habite Montréal avec son Portugais de mari et sa fillette. Ce qui avait débuté par une rencontre fortuite se prolonge en échanges de pots et de petites bouffes de plus en plus sympathiques tout au long de février...
Michèle et Azur causent voyages et cuisine et santé, André et moi voyages, vins et, surtout de sa part, tauromachie (c’est un authentique aficionado, capable de sauter dans le premier avion vers Madrid ou Cordoue à l’annonce d’une belle affiche). L’escalier du 4e au 5e (et vice-versa) n’a jamais autant servi.C’est donc avec un petit regret que nous avons repris la route de Montréal à la fin du mois dernier -- avec l’obligatoire escale à Paris, où nous nous sommes offert un délicieux repas créole avec les amis Euvrard dans ce qui est sûrement le meilleur Antillais de la Méropole, la Table de Babette, située par un heureux hasard juste en face du Passiflore, rue de Longchamp.
Le court passage du printemps languedocien à l’hiver québécois s’est alourdi d’une tournée des médecins (check-up et prises de sang) et de quelques visites forcées chez le comptable (impôts) et à la banque (soubresauts boursiers). Pas forcément le plus beau des programmes, mais on a compensé en célébrant de digne façon l’anniversaire du beau-frère Jean et en rendant une visite (depuis longtemps due) au Castel Berri des Piazza.
Nous perdons notre conseiller bancaire de 15 ans, Abdel, promu à la direction d’une lointaine succursale. Coïncidence amusante, il est remplacé par le petit-fils de l’ancien premier ministre Jean Lesage -- un presque voisin de ma jeunesse à Québec, dont le fils René était un compagnon de ski au Lac Beauport dans les années ’50.
Après un bref redoux, le thermomètre flirtait de nouveau avec le zéro C lorsque, ce premier jour de printemps, nous avons repris l’avion pour la Guadeloupe puis la Martinique.
Bien sûr, entre clamato, sirop d’érable et médicaments variés destinés au Marin et à Montpellier, nous avions une jolie surcharge de bagages pour le saut de puce entre Pointe-à-Pitre et Fort-de-France. J’ai vainement tenté de faire comprendre à la préposée à l’enregistrement et à une brave dame placée avant nous dans la queue qu’elles avaient tout avantage à nous faire passer devant pour me donner le temps de courir à l’autre bout de l’aéroport payer ma pénalité et revenir récupérer mes cartes d’embarquement sans retarder tout le monde.
Rien à faire. La seconde était assise mordicus sur son droit de préséance, la première insistait que tous les passagers sortant d’une croisière -- une bonne moitié de la cargaison du petit avion -- soient traités ensemble, donc avant nous.
Évidemment, lorsque je me suis rendu au guichet de paiement des surcharges, il y avait cinq personnes devant moi (dont deux payaient par chèque, avec ce que ça impliquait de vérifications complexes et tâtillonnes); à cause de moi, donc, l’avion a décollé près d’une demi-heure en retard. Tout le long du trajet, la madame qui refusait de nous céder le passage me fusillait du regard, si bien que j’ai fini par lui tirer la langue. Na!
Suite à un malentendu, Gérard ne pouvait venir nous prendre au Lamentin, Il avait délégué son petit frère Jean-Christophe... qui s’est décommandé au dernier mo
ment. Heureuse- ment, il y avait un véritable comité d’accueil familial qui nous attendait à la sortie des douanes: Charles et Raphaëlle Larcher du Diamant d’une part, Daniel Philémont-Montout et sa fille Armelle du François de l’autre. Nous n’avions que l’embarras du choix pour nous faire convoyer vers le ponton du Marin.