05 avril 2009

De Pancrate au rasta

Le malentendu avec notre skipper a fini en rupture... qui, aux dernières nouvelles, pourrait n’être que temporaire. Lorsque Gérard s’est finalement amené sur le ponton deux jours après notre arrivée, son dernier fiston David juché sur les épaules, il a été tout étonné (en apparence du moins) d’être accueilli par des sourcils froncés et des reproches. Pas question d’entrer ici dans les détails du désaccord -- c’est entre lui et nous -- mais la conséquence en est qu’au lieu de prendre joyeusement la mer le lendemain, nous nous sommes retrouvés plongés dans les suites peu agréables d’une querelle civilisée certes, mais plutôt acrimonieuse.

Nous avons dû battre le rappel des copains pour dénicher un nouveau skipper, arpenter la marina à la recherche d’un spécialiste de l’entretien, courir à la banque pour finaliser nos comptes. En même temps, il fallait, lors de fréquentes visites de notre ex-capitaine, déterminer ce qui lui appartenait en propre et ce qui était au bateau, dans le capharnaüm des équipements, outillages, documents, matériels de plongée, disques et autres DVD qui se nichaient dans tous les coins. Curieux comme ça s’accumule en moins de trois ans, même dans un si petit espace! En fin de compte, le vieil ami Raymond Marie nous a amené un jeune capitaine rasta dont les couettes dredlocks recouvrent un large sourire et une claire compétence, Marc. 
Et le hasard d’une rencontre sur le ponton nous a fait retrouver Jean-Sébastien, spécialiste émérite de l’entretien des catas et Charlevoisien indécrottable malgré ses cinq ans de Martinique (où il a femme et deux enfants). Nous avons décidé de les mettre tous deux à l’essai, Marc immédiatement lors d’une virée d’une semaine dans les inévitables (mais toujours enchanteresses) Grenadines, Jean-Sébastien au retour. Nous devions nous mettre en route ce matin, mais en effectuant quelques test préliminaires hier soir, Marc a découvert que les moteurs refusaient absloument de démarrer. “Qué pasa?” Après quelques vaines tentatives, appel d’urgence à Gérard -- après tout, c’était “son” bateau jusqu’à la semaine dernière, et le fonctionnement sans faille des moteurs sa responsabilité. Il débarque tout outillé dans les minutes qui suivent, passe deux heures à s’escrimer sur le démarreur, les circuits et Dieu sait quoi d’autre, sous les yeux (un peu sceptiques, faut-il dire) de son benjamin Marc. Sans résultat tangible. Il repart en promettant de revenir le lendemain midi (aujourd’hui). Ce matin, Marc suggère tout doucement (lui et Gérard, c’est des contraires absolus côté tempérament) que peut-être si on appelait quelqu’un qui s’y connaît bien en moteurs, genre Raymond Marie... Celui-ci, qui au cours de sa vénérable carrière a possédé “une kalté” de bateaux à moteurs, rapplique rapidement, jette un coup d’oeil expert sur nos deux Volvo Penta et leurs circuits, et émet un diagnostic sans appel: “C’est la batterie”. Nous filons bientôt sur l’annexe (après un léger accrochage avec le hors-bord de cette dernière qui refuse de collaborer) jusqu’aux boutiques de la marina, d’où nous rentrons peu après avec deux batteries neuves, une salade-pêcheur pour Azur et des poulets-frites pour nous -- y’a quand même pas que la mécanique dans la vie!
Est-ce l’effet du poulet-frites? Toujours est-il qu’aussitôt les nouveaux achats branchés sur les moteurs, ceux-ci se mettent à pétarader de la plus rassurante manière.
Une virée d’avitaillement “chez Annette”, un ti-punch d’adieu aux voisins de ponton helvéto-gaulois Michel et Florence (qui nous ont bien rebordé le génois pendant notre absence) et nous pourrons donc lever l’ancre à la première heure. Hourra!

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