09 avril 2011

De Miami vers l'Atlantique

(8 avril 2011) Dimanche le 3, lever tôt (7h30) à Miami, c'est le jour de l'embarquement pour la croisière transatlantique. Bagages faits sans difficultés, Azur a mal au coeur mais ça ne dure pas. Petit déj copieux (croiriez-vous des oeufs Benedict à l'alligator?) pour moi, frugal (fruits frais et yogourt) pour elle. Attente près de la piscine, où je rencontre de deux jeunes Gaspésiens de Matane,lui technicien, elle infirmière, qui partent sur une autre croisière -- pas surprenant, d'après l'hôtel, au moins huit paquebots prennent aujourd'hui la mer pour les Antilles, l'Amérique centrale ou l'Europe.

Je remonte à la chambre pour permettre au personnel de descendre les valises, puis traverse au Walgreen's en face: aspirines, chapeau style panama, crème solaire, etc.
Peu après midi, une navette du Renaissance nous emporte vers le port de croisière, qui est tout près. L'embarquement se fait en douceur, mais la cabine n'est pas prête. Lunch, léger pour moi, plus complet pour Azur, à la cafétéria du bord, le Lido au 9e pont. Flânerie au bar extérieur arrière près d'une piscine, nous sommes un peu désorientés par la taille et la complexité du Nieuw Amsterdam: onze ponts, plus de mille cabines, sept restaurants et une dizaine de bars, un casino et trois salles de spectacle, cinq séries d'ascenseurs dont deux extérieures, deux piscines et quatre jaccuzzis, etc. On est loin de l'intimité des "super-yachts" de Seabourn auxquels nous nous étions habitués, encore plus de la péniche de luxe de Tauck et de ses cinquante cabines l'automne dernier.
Vers 15h30, nous avons enfin accès à notre "verandah suite deluxe" qui est en réalité une très grande cabine avec un lit king size enseveli sous une montagne d'oreillers moelleux, plus un coin salon et une terrasse de bonne taille: transats en osier, table avec quatre chaises. Et, jouissance pour moi, la salle de bain comporte une grande baignoire avec jets tourbillon!
À 17h, nous grimpons au sommet du navire pour assister au départ. Un orchestre joue une version jazzée d'"Adieu foulard, adieu madras" sur laquelle Azur fait son numéro de danse.
Puis nous passons au bar avant pour assister à un spectacle plutôt rigolo: nous sommes le cinquième d'une série de mastodontes hauts comme des tours d'appartements (deux "Princess", un Costa et deux Holland-America) qui sortent à la queue leu-leu du canal Intercostal pour gagner la haute mer, zigzaguant dans le sillage l'un de l'autre! On dirait un troupeau d'éléphants blancs.
Au bout d'une demi-heure, trois d'entre eux s'écartent vers le sud et les Antilles, l'autre navigue un bout de temps de concert avec nous vers l'Europe. Un coup d'oeil derrière permet d'en apercevoir un sixième qui nous suit, sur fond de scène d'un splendide coucher de soleil au-dessus d'une côte floridienne parsemée de gratte-ciels bleu violet qui s'enfoncent peu à peu dans une mer rose et orange parcourue de frissons indigo.
Lundi matin, je me lève asez tôt et sors m'installer sur la véranda… mais nous ne sommes plus en Floride: l'air marin est nettement plus frisquet et m'oblige à m'habiller un peu plus chaudement. Cela fait, c'est le bonheur total: la mer à perte de vue, avec une houle juste assez forte pour bercer légèrement l'énorme paquebot. Je fais un bout de lecture, jusqu'à temps qu'Azur se réveille pour que je puisse faire venir un copieux déjeûner.
Nous partons explorer notre nouveau domaine. Tout en haut, sous les balcons d'observation extérieurs, deux bars: le Crow's Nest à l'avant, avec sa bibliothèque et ses jeux de société, le Silk Den à l'arrière, avec ses confortables alcoves à divans et draperies, face au restaurant asiatique Tamarind.
Juste en-dessous, le dixième étage loge quelques cabines de luxe et la salle de gymnastique, prolongée par une longue promenade à l'air libre qui fait le tour du centre du navire et sert de piste de jogging.
En-dessous, le buffet-restaurant Lido, flanqué des deux piscines avec chacune leur bar extérieur, puis le salon de beauté-massage-thalasso. La passerelle de commandement se situe à l'avant du huitième, le reste étant occupé par des cabines, tout comme les quatre étages suivants (nous sommes au sixième, donc exactement au milieu).
Les trois étages inférieurs abritent le bureau principal, le comptoir des excursions, deux restaurants, le casino, une série de bars dont le piano-bar et la mini-salle de concert, un "salon culinaire", deux galeries d'exposition et la grande salle de spectacles à deux niveaux. Ouf!
Lunch bon et abondant dans l'immense salle à manger du second, puis dégustation de vins (un blanc italien, deux blancs et un rouge américain, un chilien) au salon culinaire. Décidément, le Crow's Nest est destiné à devenir notre lieu de prédilection, nous y remontons en fin d'après-midi sans même nous consulter, pour lire et jouer sur nos iPads.
Rien de spécial mardi, sauf un bon souper fin au Pinnacle Grill (bisque et queues de homard grillé beurre à l'ail pour moi, poisson pour Azur). Une visite au Neptune Lounge, réservé aux passagers des suites, nous révèle les mystères de l'accès Internet à bord (compliqué et assez lent)… et le fait que nous pouvons utiliser nos téléphones portables au tarif "itinérance" normal -- les appels du téléphone de chambre sont facturés 8$ la minute! Par contre, faute de bande passante satellite, les appels par Internet (e.g. Skype) ne passent pas.
Les trois jours suivants sont consacrés à une paresse éhontée, soit sur notre véranda (les transats sont confortables avec un plaid autour des jambes), soit à l'un des deux bars en haut. Nous rencontrons deux ou trois couples francophones, mais pas d'atomes crochus.
J'ai récupéré à la bibliothèque de bord un extraordinaire roman américain récent, "The Selected Works of T.S. Spivet", de Reif Larsen. C'est une sorte de croisement improbable entre "Catcher in the Rye" et "Zen and the Art of Motorcycle Maintenance", qui me fait sourire ou m'exclamer presque à chaque page… à l'agacement visible d'Azur, frustrée de ne pas lire l'anglais! Le héros du livre est un cartographe-prodige de douze ans habitant un ranch du Montana, qui décide de traverser les États-Unis en passager clandestin des chemins de fer pour aller recevoir un prix que lui a décerné le Smithsonian, sans doute la plus prestigieuse institution scientifique américaine. Le tout est illustré de ses "oeuvres", des cartographies aussi méticuleusement exécutées que délicieusement farfelues. À ne pas rater.

1 commentaire:

Unknown a dit...

Bonjour Marie-José, bonjour Yves,

Sachez que votre voisin de palier à Montréal embarque parfois sur le Bum Chromé pour suivre vos pérégrinations antillaises et maintenant transatlantiques.

J'espère, avant tout pour Azur, que vous avez finalement rencontré sur le bateau des francophones avec atomes crochus.

Permettez-moi de vous remercier encore pour votre invitation de fin d'année qui m'a permis de passer agréablement un cap qui me préoccupait énormément.

Le Lux continue d'exister, sans nouvelles dignes de mention.

Amitiés

Michel Gallay

gallay.mr@gmail.com