25 décembre 2008

16 décembre 2008

C'est avec un certain soulagement que nous avons réintégré nos pénates de Montpellier, tout en étant fort heureux de notre aventure africaine. Mais que voulez-vous, on se fait peut-être vieux et nos conforts habituels nous manquaient un peu.
Il faut dire aussi que la fin du séjour au Sénégal n'a pas été sans nuages. Notre grande chambre à la Madrague offrait bien une vue imprenable sur un des plus jolis panoramas du pays, celui de la grande plage et de l'ile de Ngor... mais nous avons vite découvert que le service était loin d'être à la hauteur.
La faute, à notre avis, en incombait à la patronne européenne qui ne parlait à personne sauf pour donner des ordres et traitait son personnel avec une condescendance néo-colonialiste qui se répercutait sur leur attitude envers les clients. Sauf quelques sympathiques exceptions, les employés de service étaient bien plus préoccupés de ne pas déplaire à l'autorité que de faire plaisir aux résidents. Résultat, des prestations minimales, assurées souvent du bout des lèvres.
De plus, la chambre qu'on nous a donnée ne correspondait pas à ce que nous avions vu la première fois. Au lieu d'un mini-salon face à la mer, nous avions comme seconde pièce une chambre fermée bordée de grands placards de deux côtés. La terrasse, exposée au nord-est, était constamment balayée par un vent frais qui, la nuit, faisait vibrer bruyamment les portes patio. Seule la salle de bains, somptueuse avec grande fenêtre sur la plage, bidet, douche séparée et bain tourbillon, compensait un peu pour le reste.
Pour tout dire, nous avions un peu hâte de quitter cet endroit pour retrouver nos conforts languedociens. D'autant plus que, comme il arrive souvent, la dernière étape du voyage se déroulait sous l'ombre omniprésente du retour anticipé.
En contrepartie, l'employé d'Air France à l'aéroport qui a modifié nos billets pour changer la date de retour et prolonger le trajet jusqu'à Montpellier a été efficace et charmant, plein d'humour et de bonne volonté. Et à notre surprise, Mme Seydi de la BCAO, avec qui nous avions rendez-vous pour récupérer la carte bancaire d'Azur qu'un de ses guichets automatiques avait malencontreusement avalée, s'est avérée non pas la fonctionnaire sèche qu'elle nous avait paru au téléphone, mais une vraie Sénégalaise ronde et chaleureuse qui s'est ingéniée à nous faciliter la vie.
Nous avons profité de l'obligatoire virée au centre-ville pour nous offrir un très bon lunch au Café de Rome, un resto italien de l'Avenue de la République que j'avais connu déjà bien dans le temps mais qui a fait peau neuve de façon grandiose. A suivi une balade sur la Place de l'Indépendance, où j'ai retrouvé le décor dans lequel, il y a près de vingt ans, je faisais des émissions de télé en direct et en plein air avec un copain de la RTS, à l'occasion du Sommet de la Francophonie.
Samedi le 13, promenade sur la plage de Ngor. Je suis à un poil de plonger dans la mer, mais la vague particulièrement forte me dissuade. Dans l'après-midi, visite de Pape qui veut nous inviter chez lui le lendemain, mais nous insistons pour inverser les rôles: c'est lui et Oumou qui viendront nous rejoindre pour un lunch dans un des restaurants voisins.
Dimanche matin, agréable surprise: les deux femmes de chambre avec qui Azur a négocié astucieusement la confection d'une véritable collection de boubous débarquent dans la chambre avec leurs marchandises toutes prêtes. Il y a trois boubous ordinaires pour Azur et autant pour moi, en plus d'un ensemble tunique-pantalon et de deux grands boubous brodés d'une grande élégance, dont un doit aller à notre amie Ingrid... si Azur parvient à s'y résigner!
Oumou et Pape arrivent peu après midi avec leur plus jeune fils, un gamin de 6 ans féru de technologie, fasciné par le mini-ordinateur d'Azur et mon super réflex photo (c'est d'ailleurs lui, dit son père, qui monopolise le petit appareil tropicalisé que j'avais apportée en cadeau).
Nous les entraînons à la Brazzerade, auberge voisine dont la
spécialité est la grillade cuite à la table soit sur brasero au charbon de bois, soit sur pierre chauffée au rouge. Azur et Oumou, en particulier, se délectent d'une "pierrade royale" comprenant poisson, crevettes, seiche et viande de boeuf. Pape et son fils, plus conventionnels, se contentent de brochettes de poisson, excellentes aussi.
Lundi, jour du départ, se pointe trop vite à notre goût. Heureusement, la corvée des bagages est vite expédiée, et nous pouvons aller flâner sur la plage et autour de la piscine avant d'aller prendre notre dernier repas sénégalais à la Cabane du Pêcheur, restaurant voisin de la Madrague... que nous regretterons de n'avoir pas connu plus tôt. En effet, la serveuse (une blonde américaine!) nous sert d'excellentes huitres locales puis de splendides langoustes arrosées d'un gentil gris marocain -- un vrai festin d'adieu.
Vers 19h30, Pape vient nous prendre avec son autre (et plus ancien) chauffeur Ibou, qui était déjà à son service lors de mes séjours précédents. Celui-ci, avec un oeil exercé, réussit à caser tous les bagages dans l'arrière du vieux break qui leur sert de voiture de ville. Comme l'avion n'est qu'à 23h35, nous avons amplement le temps d'arrêter chez Pape prendre l'"ataya" (thé à la menthe traditionnel) de l'adieu, qu'Oumou a transformé en mini-banquet de viande de mouton -- souvenir de la Tabaski -- et semoule de mil accompagnés de légumes locaux.
Vers 21h30, nous retrouvons la cohue de l'aéroport de Yoff, qui nous paraît bien moindre qu'à l'arrivée. Notre surclassement en première nous donne droit au salon VIP, qui prend ici la forme d'un club privé à l'anglaise avec boiseries, cuivres et grand bar bien garni.
Ma chère compagne prétend qu'elle ne dort jamais dans l'avion, mais cette fois, bien allongée sur sa couchette, la tête sur un immense oreiller et bordée dans une grande douillette, je l'entends ronronner une bonne partie du trajet. Ce qu'elle niera vigoureusement par la suite, bien sûr. Mais je sais ce que je sais.
Une chance que nous n'avons pas à trimballer nos bagages à travers Charles-de-Gaulle 2 pour attraper la navette de notre dernière étape, car le trajet est aussi accidenté (une demi-douzaine d'escaliers et trois ou quatre virages) qu'interminable. Nous y parvenons quand même, et subissons sans trop souffrir l'heure de vol qui nous dépose à Montpellier-Méditerranée, d'où un grand taxi à l'accent local fleuri nous emmène jusqu'à la maison.

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