07 janvier 2014

D'un palace à l'autre

Gros petit déjeûner vendredi à l'Oak Room du St. Francis: onctueuse omelette aux asperges et crabe Dungeness, sur le conseil de ma soeur Marie, à qui nous faisons ensuite nos adieux dans le lobby vers 13h20. Le porteur qui dépose nos bagages dans le taxi est un vénérable et humoristique chinois ex-communiste qui parle un français d'une impeccable élégance appris, nous dit-il, dans une université on ne peut plus Rouge de Pékin! Ça prend de tout pour faire une Californie.
Sécurité particulièrement chichiteuse à l'aéroport de San Francisco, puis embarquement facile. Mais nous décollons avec près d'une heure de retard, arrivée à 17h30 dans le crépuscule avancé à LAX. 
Seabourn nous a envoyé un comité d'accueil de trois personnes, avec limousine Lincoln noire. Azur va faire connaissance avec la vraie nature de Los Angeles, puisque l'aéroport est voisin du port des paquebots et l'hôtel à l'autre bout de la gigantesque diarrhée urbaine. Ça nous promet un bel aller-retour ce soir et demain dans l'embouteillage chronique. De surcroît, ma plus grosse valise est introuvable — celle qui bien sûr contient les pyjamas et trousses de toilette! —, nous ne la récupérerons qu'une fois à bord du paquebot.
Mais nos passeports canadiens nous attendent à l'arrivée, visas indiens inclus tel que promis, et en compensation pour nos ennuis, nous avons droit à la suite 302 du très somptueusement kitsch Beverly Wilshire. Un décor vraiment hollywoodien: deux salles de bain, lit immense, petit salon très design et trois baies vitrées donnant sur le patio. Sans compter une bouteille de Rémy Martin sur la crédence (y'a quelqu'un ici qui connaît les goûts d'Azur?). 
Excellent souper offert par Seabourn aux passagers qui sont enregistrés pour la totalité de la croisière. Toasts de caviar, choix de poisson grillé ou veau en sauce au vin. Notre table est présidée par une très jolie hôtesse, Sophie Tehrani, anglaise d'origine iranienne, dont nous découvrirons qu'elle est la directrice adointe des divertissements à bord du Sojourn. Nos voisins sont américains, allemands, autrichiens et canadiens de Victoria - tous d'âge respectable, une seule parlant un peu français.
Au matin, plantureux petit déjeûner auquel nous faisons honneur même si un peu "fripés" par l'absence de nécessaires de toilette. Pas de nouvelles du bagage manquant; en désespoir de cause je cours à la pharmacie la plus proche racheter les indispensables — brosses à dents, désodorisant, peignes, etc. — et immanquablement à mon retour à l'hôtel j'apprends que la valise a été retrouvée par United Airlines quelque part entre Frisco et L.A.
Un chauffeur russe avec un accent à couper au couteau nous emmène au port de Long Beach, où l'embarquement se fait tout en douceur. Le voisin de quai du Seabourn Sojourn est l'antique Queen Mary de la Cunard avec sa coque de plaques d'acier rivetées et ses trois hautes cheminées jaune et noir caractéristiques; il a apparemment été transformé en musée consacré à la Princesse Diana.
Agréable surprise, nous avons immédiatement accès à notre cabine. Et tous les bagages envoyés directement de Montréal ou apportés de San Francisco (sauf un, of course) nous y attendent. Notre logis pour les quatre prochains mois ne se compare pas à la suite bling-bling du Beverly Wilshire, mais il a quand même un petit quelque chose de palatial: c'est une sorte de "junior suite" avec un mini-salon séparé du grand lit par des rideaux opaques, une assez spacieuse véranda, une salle de bain de marbre avec douche et baignoire distinctes et un grand rangement pour les bagages. De quoi vivre quelques semaines sans s'arracher le nez!
Une fois rafraîchis — nous n'avions pas vu une brosse à dents depuis deux jours! —,  nous montons manger un repas assez correct à la cafétéria du huitième. Petite exploration des lieux (le Sojourn est deux fois plus grand que les autres bateaux de Seabourn que nous avons fréquentés), puis sieste jusqu'au party de départ autour de la piscine.
Au lieu de celui-ci, nous avons choisi d'assister à la sortie en mer depuis le "sky bar" tout en haut à l'avant. Très beau spectacle, avec les rives illuminées du port de Los Angelers qui défilent des deux côtés sous un croissant de lune typiquement tropical — les deux cornes vers le haut, comme sur les sculptures égyptiennes — dont le reflet nous précède sur les flots noir d'encre. Et tout-à-coup plus rien, la terre s'efface de notre vision et il n'y a plus que le sombre Pacifique à perte de vue. Jusqu'à Hawaii dans presque une semaine.

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