30 janvier 2014

Mauvais temps — beau temps

Au dernier jour de la longue descente (cinq jours) vers la Nouvelle-Zélande, le temps s'est remis hier au beau et la mer s'est calmée, en même temps que la température tombait en bas des 25 degrés. Ça nous a même pris un chandail ou un blouson pour admirer de notre balcon un splendide coucher de soleil or et orange sur le Sud Pacifique. Clairement, nous sommes sortis des tropiques.
Peu après le départ de Rarotonga, le vent s'est élevé, encore chaud mais persistant. Deux jours plus tard, le ciel devenait gris fer, des rafales de pluie commençaient à s'abattre sur le navire, qui tanguait de plus en plus sous une houle croisée, malgré les stabilisateurs.
La brise, presque directement de face, dépassait les trente noeuds, la mer d'un gris-vert sombre se couvrait de franges d'écume et il fallait un certain courage pour mettre le nez dehors même bien habillés. Plus question de bain de soleil ou de piscine. La nuit, les cognements de la houle sur la coque et les craquements de la membrure étaient assez forts pour nous réveiller en sursaut.
Heureusement, j'avais d'abord réussi à compléter mon premier tableau à peu près à ma satisfaction. C'est une vue de la rade de la Baie de Cook à Mooréa — au début, je voulais prendre une approche impressionniste, mais ça ne traduisait pas correctement le primitivisme grandiose du lieu, les couleurs spectaculaires des montagnes, ni le jeu des reflets sur la profondeur et la limpidité de l'eau. 
J'ai donc passé près de deux jours à tout retravailler, la terre dans un sens plus structuré, un peu à la Cézanne mais dans une palette voisine de celle de Gauguin (des bleus-verts, des violets avec des taches d'orange et de jaune sur fond azur), la mer en y projetant un ciel massivement bleu clair, sur lequel j'ai patiemment étalé, couche après couche, des glacis transparents traduisant la rėflexion à peine déformée des montagnes abruptes et des quelques bateaux mouillés dans la rade.
Merci à la science moderne pour l'acrylique (et à Masterson pour la palette Stay-Wet qui me permet de conserver mes mélanges de couleur d'un jour à l'autre): à l'huile il m'aurait fallu des semaines sinon des mois pour parvenir au même résultat. Il y aurait sans doute moyen d'améliorer encore, mais j'ai l'impression d'avoir atteint la limite de mes talents graphiques, j'aime mieux ne plus y toucher.
Ce qui est bon signe, c'est qu'Azur — qui au début rechignait un peu quand j'ai déployé mon chevalet et mes tubes sur le balcon — trouve maintenant que je manque d'ambition et que je devrais me lancer dans de plus grands formats. Je vais donc profiter de l'escale à Auckland pour voir ce que je trouve comme blocs de papier toilé...
Ensuite, sitôt que le temps et les loisirs le permettent, je veux m'attaquer à plus audacieux encore: l'incroyable entrelacs de troncs et de branches tordus du parc de Lahaina à Maui. J'ai déjà deux bonnes photos et un croquis assez satisfaisant, mais j'ai la frousse de transposer ça sur la toile.
Pour le moment, je laisse dormir la patronne et je grimpe sur le pont supérieur pour déguster un premier café et contempler l'arrivée en Nouvelle-Zélande sur fond de soleil levant.

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