25 janvier 2014

Si un jour j'arrivais à Tahiti... Tahiti!

Note: Comme je le craignais, l'Internet de bord nous joue des tours; il a presque disparu sans laisser de trace ces trois derniers jours, me laissant deux fois en plan en plein milieu d'un message courriel ou Facebook. Ce qui suit avait été écrit avant-hier.
23 janvier 2014 — Arrivée à Bora Bora ce matin vers 7 heures, entrée dans le lagon azur et bleu vert sous un soleil éclatant. Quel fond de scène pour prendre le premier café!
«La plus belle île du monde» ne fait pas mentir sa réputation. Malgré un développement touristique qu'on dit forcené, elle a su préserver au moins les apparences d'un site naturel paradisiaque et intouché. Une seule passe assez étroite dans la mer d'un bleu profond permet de franchir l'anneau de corail de l'atoll, décoré de vagues d'un blanc éclatant déferlant avec langueur sur un fond turquoise et jaune brillant. Cette ceinture est parsemée de «motus», des îlots coraliens panachés de palmiers et ceinturés de sable blond-rose sur lesquels s'étalent, assez discrètement, des résidences princières ou des «resorts» de paillotes faussement rustiques strictement pour milliardaires.
Le village d'accueil de Vaitape, seul port de la petite île, se niche sous une montagne aux reliefs spectaculaires. Notre paquebot, trop grand pour y accoster, jette l'ancre au large d'une marina habitée de yachts impressionnants — que sa luxueuse élégance ne dépare pas.
Mais une fois le déjeûner pris, les choses se gâtent, juste au moment où nos co-passagers prennent d'assaut la plate-forme d'où les navettes doivent les emmener en promenade à terre. Une averse tropicale aussi brusque qu'abondante dévale de la falaise en face pour les tremper jusqu'aux os, au point que plusieurs rebroussent chemin.
La pluie s'interrompt à l'heure du lunch, que nous prenons sur la véranda arrière, et me laisse juste le temps de trois tours de piscine et de jaccuzzi, avant de reprendre en force, masquant presque entièrement Bora Bora d'un opaque rideau grisâtre qui met fin à toutes nos velléités de visite.
Nois avons eu plus de chance les jours précédents. Avant-hier, malgré la santé encore chancelante de Marie-José, nous avons pris une voiture avec un chauffeur-guide francophone et charmant (comme semblent l'être à peu près tous les Tahitiens), Richard. Il nous a d'abord promenés dans la circulation assez dense de Papeete pour jeter un coup d'oeil à l'impressionnante mairie, au spectaculaire et grouillant marché, à la modeste et sympathique «maison de la reine» et au beau parc Bougainville dont les kiosques à toits de chaume et la foisonnante végétation bordent le front de mer.
Puis nous avons pris la route, moins touristique, de l'ouest pour une trop rapide visite au Musée de Tahiti et ses îles (superbes pirogues creusées dans des troncs et canots à balancier faits de planches littéralement cousues ensemble!) où se tient une expo «la Peinture tahitienne après Gauguin» d'intérêt inégal. Dommage que le «vrai» musée Gauguin soit fermé pour rénovations. Un peu plus loin, Richard et moi avons gravi à pied le sentier menant au plus impressionnant mara'e (temple polynésien) de Tahiti, puis nous avons repris la voiture jusqu'au Jardin botanique avant de rebrousser chemin pour nous arrêter, au hasard, dans un petit café de bord de route, sans autre nom qu'une affiche de bière locale.
L'idée était juste de nous rafraîchir, mais la patronne était si joviale et les odeurs de la cuisine ouverte si tentantes que nous avons fini par nous attabler à la bonne franquette avec notre chauffeur. Nous avons eu droit à un délicieux — et copieux — repas maison: sashimi et riz blanc, mahi-mahi aux amandes grillées avec patates sautées et curry de thon et crevettes sur un lit de haricots verts et riz jaune. Plus, pour finir, de délectables pêches melba pochées maison.
Ce détour gourmand imprévu nous avait mis en retard, si bien que nous sommes rentrés directement à bord sans compléter notre programme, qui comprenait notamment l'étonnant Musée de la perle noire.
En soirée, nous nous sommes repris en nous régalant de l'excellent spectacle de danse folklorique du groupe Tahiti Ora. Sur scène, une vingtaine de danseuses, danseurs et musiciens athlétiques et élégants — leur tamouré bien au-dessus de celui que nous nous efforcions de pratiquer dans les discothèques montréalaises des années soixante! «Un peu plus jeune, je m'y serais bien mise!» a pourtant commenté Azur qui, décidément, prend du mieux.
Hier, à Moorea, nous n'avions rien prévu de spécial, mais un succulent steak d'espadon au risotto de parmesan le midi nous a inspiré une descente à terre quelque peu acrobatique: la pluie a surpris Azur sur sa chaise roulante, que l'espèce de monte-charge qui devait la faire descendre jusqu'à la navette de débarquement refusait bêtement de transporter.
Nous avons fini par nous rendre sous l'averse au stand de taxi, où nous avons été pris en charge par une dame d'une remarquable gentillesse. Elle nous a fait faire un demi-tour de sa fort belle île (le temps s'étant remis au beau) avant de grimper par un spectaculaire chemin en lacets bordé de bambous et de fougères géantes jusqu'à un belvédère central, d'où on pouvait voir en même temps les trois pics et les deux profondes baies qui sont la marque distinctive de Moorea. À couper le souffle.
En redescendant, elle nous a emmenés jusqu'à un petit centre d'achat assez folklorique, où nous avons pu nous approvisionner, pour la première fois du voyage, en lectures en français: journaux et magazines locaux, hebdos parisiens de la semaine dernière et un ou deux polars. C'est Azur qui a apprécié... même si le gros de l'actualité semblait se résumer aux déboires conjugaux du couple Hollande!

Aucun commentaire: